Guerre de Sécession 1861-1865 et les premières photographies de guerre


  • Partie 1 : Histoire de la guerre de Sécession 1861-1865
  • Partie 2 : La photographie s'invite pour la première fois à la guerre
  • Partie 3 : Complot contre le Président Lincoln, Lewis Powell, allias Lewis Payne condamné à mort

    Histoire de la guerre de Sécession 1861-1865

    La guerre de Sécession est une guerre civile survenue entre 1861 et 1865 et opposant les États-Unis d’Amérique (« l’Union »), dirigés par Abraham Lincoln, et les États confédérés d’Amérique («la Confédération»), dirigés par Jefferson Davis et rassemblant onze États du Sud qui avaient fait sécession des États-Unis.

    L’Union comprend tous les États abolitionnistes et cinq États « frontaliers » esclavagistes et est dirigée par le président des États-Unis Abraham Lincoln et le Parti républicain. Lincoln est profondément opposé à l’esclavage et souhaite son abolition dans les territoires détenus par les États-Unis. Sa victoire à l’élection présidentielle de 1860 entraîne une première sécession des sept États du Sud, avant même que Lincoln ne prenne ses fonctions.

    Les combats commencent le 12 avril 1861, lorsque les forces confédérées attaquent une installation militaire de l’Union à Fort Sumter, dans la baie de Charleston en Caroline du Sud, parce que les soldats nordistes ont refusé de l’évacuer malgré les menaces des Sudistes. Lincoln répond en mobilisant une armée de volontaires dans chaque État, ce qui conduit à la sécession de quatre États esclavagistes sudistes supplémentaires. Durant la première année de la guerre, l’Union s’assure du contrôle de la frontière des États sécessionnistes et établit un blocus naval alors que les deux camps renforcent leurs armées et leurs ressources. En 1862, des batailles telles que celles de Shiloh et d’Antietam causent des pertes sans précédent dans l’histoire militaire américaine.

    Dans l’Est, Robert E. Lee, commandant de l’armée de Virginie du Nord puis général en chef de l’Armée confédérée, remporte une série de victoires sur l’Armée de l’Union, mais il perd la bataille de Gettysburg au début de juillet 1863, donnant l’initiative stratégique à l’Union. La prise de Vicksburg et celle de Port Hudson par Ulysses Grant achèvent la prise de contrôle du Mississippi par les troupes de l’Union. Grant mène de sanglantes batailles d’usure contre Lee en 1864, l’obligeant à défendre Richmond en Virginie, la capitale des Confédérés. Le général de l’Union William Sherman prend Atlanta en Géorgie, et commence sa marche vers la mer, dévastant une large bande de la Géorgie. La résistance des Confédérés s’effondre après la reddition du général Lee au général Grant à Appomattox le 9 avril 1865.

    Outre un nombre indéterminé de victimes civiles, cette guerre provoque la mort de 620 000 soldats, dont 360 000 nordistes et 260 000 sudistes, ce qui en fait la guerre la plus meurtrière qu’aient connue les États-Unis à ce jour. La très grande majorité des soldats étaient natifs des États-Unis. Concernant la participation non américaine, on a avancé le nombre de 60 000 étrangers. Avec la guerre de Crimée qui la précède, elle est considérée par les historiens comme la charnière technique entre les guerres napoléoniennes et les guerres modernes qui suivirent. Elle affirme la prépondérance du modèle économique du Nord, l’industrie employant des ouvriers, sur celui du Sud, l’agriculture employant des esclaves. Elle met fin à l’esclavage aux États-Unis, restaure l’Union et renforce le rôle du gouvernement fédéral. Les conséquences économiques, politiques et sociales de cette guerre continuent d’influer sur la pensée américaine contemporaine.


    Les soldats confédérés (Sudistes)


    Leurs uniformes totalement gris. Vers le milieu du conflit les soldats devaient se fabriquer eux-mêmes leur propre uniforme. Beaucoup de soldats n’avaient pas de chaussures et se battaient pieds nus. Les Sudistes se mirent à prendre les chaussures et les pantalons de cadavres Nordistes. La grande majorité des soldats Sudistes étaient de petits agriculteurs sans esclaves, beaucoup n’avaient même pas de quoi se payer des chaussures et combattaient avec leur fusil de chasse personnel dont ils savaient fort bien se servir. Une minorité de Sudistes aisés était assez proche de la tradition aristocratique et bourgeoise de la France et de l’Angleterre. Leurs femmes cousaient généralement les uniformes de leurs maris ou fils, surtout chez les officiers.

    À la fin du conflit, un simple soldat se reconnaissait par des vêtements civils de couleur grise ou marron (vient ainsi leur surnom de butternuts) et portait généralement des chapeaux civils. Il avait comme armement des armes de Nordistes récupérées, britanniques, et des armes non réglementaires.

    Les soldats Yankee (Nordistes)


    Les Nordistes portaient la tenue réglementaire de l’armée américaine avant la sécession du Sud. Elle dérivait en droite ligne de celle portée durant la guerre de 1812, puis celle portée pendant la guerre du Mexique et demeurera semblable tout au long du conflit.

    Elle consistait dans ses grandes lignes en un képi souple bleu foncé, un veston bleu foncé et des pantalons bleu ciel. De là vint le surnom des soldats du Nord : « Tuniques bleues ». Des motifs de couleur et galons sur l’uniforme indiquaient le type d’unité à laquelle appartenait le soldat : comme pour le sud, le bleu ciel était la couleur distinctive de l’infanterie, le jaune celle de la cavalerie, et le rouge celle de l’artillerie. La marine disposait quant à elle de tenues de matelots.

    Le Nord étant bien industrialisé, les Nordistes n’eurent pas de difficultés à approvisionner leurs troupes convenablement. Les uniformes des officiers et des soldats contenaient au début du conflit plus de tissu et étaient plus élaborés qu’à la fin. Pour rationaliser la production d’uniformes et faciliter l’approvisionnement de l’armée, les Nordistes inventèrent en effet pendant la guerre le concept de coupe standard des vêtements. L’armée de l’Union était équipée d’armes fabriquées aux États-Unis (Springfield Armory).

    Tout comme le Sud, le Nord disposait de troupes indépendantes de milice. Leurs effectifs toutefois étaient bien plus importants. Beaucoup d’entre elles étaient des unités de Zouaves. Celles-ci portaient un uniforme chamarré inspiré de celui des zouaves français. Le port de l’uniforme de Zouave était un privilège accordé aux milices les plus valeureuses. Chaque régiment portait une tenue particulière.

    L’armée de l’Union (le Nord) comptait plusieurs unités spécialisées qui portaient elles aussi des uniformes distincts. Les sharpshooter (tireurs d’élite) portaient par exemple un uniforme vert à galons verts.

    La photographie s'invite pour la première fois à la guerre

    La guerre de sécession est représentée comme à l’accoutumée par des dessins et peintures, mais aussi par l’art de la photographie. S’il était difficile de photographier des scènes de combats dans la mesure ou la photographie de l’époque exigeait une longue pose des sujets, il leur était à contrario très simple de photographier les soldats morts au combat.

    C’est ainsi que la photographie s’est imposée à la guerre, que 150 ans plus tard nous pouvons avoir une image réelle des visages de soldats qui s’y sont battus, qui y sont morts.

    Le photographe Alexander Gardner


    Alexander Gardner (17 octobre 1821 – 10 décembre 1882) est un photographe de guerre américain d’origine écossaise, principalement connu pour ses portraits du président Abraham Lincoln et ses photographies de la Guerre de Sécession.

    Abraham Lincoln est élu président en 1860 et avec son élection, les menaces de guerre se précisent. Gardner, vivant à Washington, se trouve à proximité des arcanes du pouvoir. Sa popularité en tant que portraitiste s’accroit alors qu’il capture, jour après jour, les visages des soldats partant pour la guerre.

    Brady a l’idée de photographier la guerre. Gardner grâce à ses relations et en particulier à Allan Pinkerton (qui est alors à la tête des opérations de renseignement qui deviendra le Secret Service) transmet l’idée de Brady à Lincoln. Pinkerton recommande Gardner au poste de chef photographe de l’U.S. Topographical Engineers. Après ce bref mandat, Gardner devient photographe de l’état-major du général George B. McClellan, commandant l’Armée du Potomac. C’est alors que Gardner abandonne la gestion de la galerie de Brady. Gardner reçoit le grade honoraire de capitaine, puis il photographie la Bataille d’Antietam en septembre 1862, développant ses photos grâce à son laboratoire itinérant.

    Gardner travaille pour Mathew Brady de 1856 à 1862. Selon une chronique du New York Times, Gardner a souvent vu ses travaux faussement attribués à Brady et malgré l’importance de son oeuvre, les historiens n’ont pas accordé pleine reconnaissance de son travail de documentation de la Guerre de sécession. Lincoln démet McClellan du commandement de l’Armée du Potomac en novembre 1862, ce qui rend plus précaire le rôle de chef photographe de l’armée de Gardner. C’est au même moment qu’il cesse de travailler pour Brady, sans doute parce que ce dernier avait l’habitude de s’attribuer la paternité des travaux de ses employés en les estampillant « Photographed by Brady » (photographié par Brady). Pendant l’hiver, Gardner accompagne le général Ambrose Burnside, photographiant la Bataille de Fredericksburg. Puis il suit la campagne du général Joseph Hooker. En mai 1863, avec son frère James, il ouvre son propre studio à Washington, engageant des nombreux ancien employés de Brady.

    En juillet 1863, il photographie la fameuse Bataille de Gettysburg, puis le Siège de Petersburg du 15 juin 1864 au 25 mars 1865.

    Soldat confédéré tué à la bataille de Gettysburg du 1 au 3 juillet 1863

    En 1866, il publie un ouvrage en deux volumes, intitulé: Gardner’s Photographic Sketch Book of the Civil War. Chaque volume contient 50 épreuves. Toutes les photographies ne sont pas de Gardner et il crédite aussi bien l’auteur du négatif que l’auteur du tirage. Le Sketch Book contient des photographies de Timothy O’Sullivan, James F. Gibson, John Reekie, William R. Pywell, James Gardner (son frère), John Wood, George N. Barnard, David Knox et David Woodbury parmi d’autres.

    Quelques exemples en diaporama de photos prises par le photographe Alexander Gardner :


    Dans une scène trop typique après le combat d’une journée du 12 au 13 mai 1864 qui a submergé le saillant de Mule Shoe tenu par les Confédérés à Spotsylvania Court House, en Virginie, un fantassin confédéré mort (voir ci-dessous) a été photographié par Timothy O’Sullivan près de la ferme Alsop le 20 mai. Ce soldat a été tué au combat lors de la bataille de Harris Farm le 19 mai. À l’aube du vendredi 13 mai, un journaliste du New York Times traversant le carnage de Mule Shoe a écrit qu’au moins un millier de soldats confédérés similaires gisaient morts dans une petite zone. La bataille des 12 et 13 mai n’a jamais été égalée pour sa férocité en termes de durée des combats.

    Ce soldat confédéré, pris de face et de côté :



    Thomas C. Roche (photographe)


    Le photographe de guerre, Thomas C. Roche 1826-1895, a laissé un héritage profond avec ses images prises les 2 et 3 avril 1865. Roche a capturé un certain nombre de scènes de soldats confédérés tombés, qui avaient tous péris la veille à la bataille de Petersburg, la plupart à Fort Mahone. L’intention de Roche était sans aucun doute de documenter la victoire des Nordistes sur un Sud prostré, mis en évidence par des images de morts confédérés vaincus.

    Roche photographiait pour le général Montgomery C. Meigs, quartier-maître général de l’armée américaine. Meigs voulait documenter les efforts logistiques qui ont fourni les armées de l’Union pendant le siège de Pétersbourg. Roche pris de nombreuses images de la base de l’Union à City Point, en Virginie. Les images les plus connues de Roche sont les photos de soldats confédérés tués dans les tranchées à l’extérieur de Petersburg peu de temps après leur abandon.

    Photographies en diaporama prises par Thomas C. Roch à Fort Mahone :





    Lewis Powell, allias Lewis Payne condamné à mort pour complot contre Lincoln


    Lewis Powell était un soldat américain confédéré qui a tenté d’assassiner William Henry Seward dans le cadre du complot d’assassinat de Lincoln. Blessé à la bataille de Gettysburg, il a ensuite servi dans les Rangers de Mosby avant de travailler avec les services secrets confédérés dans le Maryland. John Wilkes Booth l’a recruté dans un complot visant à kidnapper Lincoln et à remettre le président à la Confédération, mais a ensuite décidé d’assassiner Lincoln, Seward et le vice-président Andrew Johnson à la place, et a assigné à Lewis Powell la tâche de tuer Seward.


    Le co-conspirateur David Herold devait guider Powell jusqu’à la maison de Seward, puis l’aider à s’échapper, mais s’est enfui avant que Powell ne puisse quitter la maison de Seward. Il est arrivé trois jours plus tard à la pension dirigée par Mary Surratt, mère du co-conspirateur John Surratt, alors que la police y effectuait une perquisition, il a été arrêté.

    Lewis Powell, Mary Surratt, Herold et George Atzerodt ont été condamnés à mort par un tribunal militaire et exécutés à l’Arsenal de Washington le 7 juillet 1865 par pendaison.

    Exécution de gauche à droite Mary Surratt, Lewis Powell, Herold et George Atzerodt